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33. La Différence Entre Légalité et Moralité (Genèse 31:17-55)

Introduction

J’ai un ami qui a un mot de sagesse pour presque tous les sujets. Un jour, quelqu’un me demanda une bonne définition d’ « éthique. » Je ne pouvais pas en trouver une, alors j’ai appelé mon ami. « Je viens juste de penser à ça », il me répondit quand je lui ai demandé. « ‘Etique’ est la différence entre la moralité et la légalité. ‘Ethique’ est la différence entre ce que je dois faire et ce que la Loi demande que je fasse. » Je n’ai jamais entendu une meilleure explication pour « éthique », alors je la partage avec vous.

Faisant ça, je réalise que Jacob manque totalement d’éthique à ce point dans sa vie. Pour Jacob, la légalité était égale à la moralité. Par cela, tout ce qui n’était pas contraire à la Loi n’avait aucun problème pour sa conscience. L’achat du droit d’aînesse d’Esaü était méticuleusement légal (Genèse 25:31-33), mais immoral. De même, la déception d’Isaac pour obtenir la bénédiction était légale. En fait, ça a même amené ce que Dieu avait promis arriverait mais par des moyens qui étaient déplaisants à Dieu (Genèse 27.) La proposition de travailler sept ans pour Rachel, la cadette, était légale, mais n’était pas vraiment acceptable pour Laban (Genèse 29:18-19,26.) Finalement, le contrat de Jacob avec Laban et sa manipulation des troupeaux pour le faire prospérer aux frais de Laban étaient à peine moraux, mais c’était rigoureusement légal – si légal, en fait, que plus tard il pourrait défier Laban de l’accuser de toutes infractions de leur agréement (31:36-42.)

C’était le manque de cadre éthique de Jacob, pour guider et gouverner sa conduite, qui résultat à une séparation très douloureuse quand le temps est venu de quitter Paddân-Aram et retourner à la terre promise. Les conséquences d’éthiques contestables sont clairement vues dans la dernière rencontre entre Jacob et son oncle Laban. Nous trouverons, je pense, que les choses ont très peu changé du temps et de la vie de Jacob, car l’éthique (la moralité) est aussi très rare aujourd’hui. C’est mon intention de considérer la base de la conduite morale et les conséquences de leur absence comme nous étudions les évènements de la vie de Jacob quand il quitte Paddân-Aram.

La Fuite de Jacob (31:17-21)

« Alors Jacob se mit en route: il fit monter ses enfants et ses femmes sur les chameaux;

il emmena tout son bétail et tous les biens qu'il avait acquis, en particulier, le cheptel qu'il avait amassé pendant son séjour à Paddân-Aram, pour rentrer chez son père Isaac au pays de Canaan.

Quant à Laban, il était parti tondre ses moutons. En partant, Rachel vola les idoles domestiques[b] de son père.

Ainsi Jacob partit en cachette de Laban l'Araméen, sans l'avertir de son départ.

Il s'enfuit avec tout ce qui lui appartenait et traversa l'Euphrate, puis il se dirigea vers les monts de Galaad. » (Genèse 31:17-21)

Les circonstances suggèrent fortement qu’il était temps pour Jacob de retourner à la terre promise (31:1-2), et par une révélation divine, Dieu commanda Jacob de le faire (31:3.) Ayant reçu l’assurance que ses femmes supportaient cette décision (31:14-16), Jacob emballa rapidement toutes ses affaires et se mit en route pour la maison. Il ne semble pas que ce fut accidentel que Jacob partit au moment que Laban était très occupé à tondre son troupeau. Partir sans aucun avertissement, Jacob raisonna, était le seul moyen de partir sans résistance de la part de Laban, qui aurait pu refuser de relâcher les femmes de Jacob ou leurs troupeaux.

Ce que Jacob ne savait pas était que Rachel avait volé les idoles de Laban juste avant de partir. Beaucoup de spéculations sont faites sur les motifs de Rachel, mais la raison la plus supportée par le texte, et par l’archéologie, est que Rachel vola les idoles de la maison de son père pour établir une revendication future à l’héritage de la famille de Laban. Les idoles étaient une marque d’une réclamation appropriée pour les possessions et le titre de chef d’une famille.255 Rachel a dû se sentir justifiée en volant ces dieux et en espérant partager l’héritage de la famille. Après tout, c’est ce qu’elle et Léa venaient affirmer à Jacob :

« Rachel et Léa lui répondirent:
---Avons-nous encore quelque chose, ou un héritage, chez notre père?

Ne nous a-t-il pas traitées comme des étrangères puisqu'il nous a vendues? Et, de plus, il a mangé notre argent.

Par conséquent, tous les biens que Dieu a sauvés de notre père nous appartiennent, à nous et à nos enfants. Maintenant, donc, fais tout ce que Dieu t'a demandé. » (Genèse 31:14-16)

Dans l’esprit de Rachel recevoir les richesses de Laban était la volonté de Dieu. Si c’était le cas avec les troupeaux dont Jacob s’occupait, pourquoi en serait-il autrement des biens à la mort de Laban ? Je pense que Rachel se sentit complètement justifiée en volant les idoles de la famille pour cette raison. Il est intéressant, cependant, qu’elle n’ait rien dit à Jacob à propos de son larcin.

Deux mauvaises choses sont ainsi commises pendant le départ de Jacob et sa famille de Paddân-Aram. Premièrement, Jacob est parti sans rien dire à Laban et au moment le moins facile pour lui de l’en empêcher. Deuxièmement, Rachel a volé les idoles de la famille de Laban, qui étaient la marque du droit de revendication d’une part de l’héritage de Laban et la position de chef de famille. Jacob suivait la volonté de Dieu en retournant à la terre promise, mais il ne le faisait pas comme Dieu le voulait.

La Poursuite de Laban (31:22-35)

« Le troisième jour, on avertit Laban que Jacob s'était enfui.

Il prit avec lui des hommes de sa famille, le poursuivit pendant sept jours et le rattrapa dans les monts de Galaad.

Mais, pendant la nuit, Dieu vint parler à Laban l'Araméen dans un rêve. Il lui dit:
---Garde-toi de dire quoi que ce soit à Jacob, ni en bien ni en mal.

Quand Laban atteignit Jacob, celui-ci avait dressé sa tente dans la montagne. Laban et ses hommes s'installèrent eux aussi dans les monts de Galaad.

Laban interpella Jacob:
---Qu'est-ce qui t'a pris? Pourquoi m'as-tu trompé? Tu as emmené mes filles comme des captives de guerre!

Pourquoi t'es-tu enfui en cachette? Tu m'as trompé au lieu de me prévenir! Je t'aurais laissé partir dans la joie avec des chants, au son du tambourin et de la harpe.

Tu ne m'as même pas laissé embrasser mes petits-enfants et mes filles! Vraiment, tu as agi de façon stupide!

Je pourrais vous faire du mal, mais le Dieu de votre père m'a parlé la nuit dernière et m'a dit: «Garde-toi de ne rien dire à Jacob ni en bien ni en mal.»

Maintenant, si tu es parti parce que tu languissais après la maison de ton père, pourquoi as-tu volé mes dieux? » (Genèse 31:22-30)

Ce que Jacob ne pouvait pas savoir était l’impact que son départ furtif aurait sur Laban quand associé avec le vol de ses dieux. Si vous étiez Laban, vous seriez venu à la même conclusion. Ses idoles avaient disparu, et Jacob aussi, rapidement et secrètement. Sûrement, c’était parce qu’il les avait volées. A quelle autre conclusion est-ce que Laban aurait-il pu arriver ? Bien que Laban essaye de projeter un écran de fumée en jouant le rôle du père et grand-père offensé (versets 26-28), son plus grand intérêt était de regagner possession de ses dieux (verset 30.)

Rattraper Jacob n’était pas une petite affaire, car il avait déjà trois jours d’avance. Par le temps qu’il s’était dépéché de rentrer à la maison, avait découvert la disparition de ses idoles, et rassembler les membres de la famille (qui, je suppose, étaient prêts à se battre), un quatrième jour avait dû être perdu. Après sept jours, Laban rattrapa Jacob, mais ses intentions furent certainement modifiées par l’avertissement divin contenu dans un rêve qu’il eut la nuit précédant la rencontre face à face des deux hommes. Le message que Laban reçut était simple : « ---Garde-toi de dire quoi que ce soit à Jacob, ni en bien ni en mal. » D’une expression similaire dans 24:50, nous devons comprendre que Dieu avertit Laban de ne pas essayer de changer les intentions de Jacob ou de lui faire du mal.

Quand Laban confronta Jacob le jour suivant, l’avertissement de Dieu ne l’a pas empéché de le réprimander pour son départ hâté, qui l’a privé de faire ses adieux. Ce n’était pas le départ que Laban protesta, car le désir de Jacob de retourner dans son pays était compréhensible (verset 30.) Ce qui troublait Laban, c’était comment Jacob était parti. Jacob était parti « en cachette », (versets 20,27), pendant qu’en même temps Rachel volait ses idoles.

Laban travaille dur à jouer le rôle du père et grand-père offensé à qui l’affection profonde pour ses filles et petits-enfants lui a causé tant d’agonie quand il apprit qu’ils étaient partis secrètement sans dire au revoir. La plupart de sa protestation est sur ce ton, mais il semble y avoir un manque considérable de sincérité ici. Rachel et Léa n’avaient-elles pas indiqué qu’il ne montrait que peu de sentiments pour elles (verset 14-16) ? Le vrai sujet de la contestation était les idoles volées : « … pourquoi as-tu volé mes dieux? » (verset 30.) C’était ce qu’il y avait de plus important. C’était la raison pour se lancer aux trousses de Jacob avec les membres de sa famille qui étaient probablement prêts pour la bataille. Cela explique l’avertissement de Dieu à Laban de ne pas toucher Jacob. Si Jacob s’enfuyait avec les dieux de Laban, il pourrait revenir un jour revendiquer les biens de Laban. Cela ne pouvait pas être toléré.

La réponse de Jacob n’est pas venue d’une position de force. Ses premiers mots sont une défense faible de sa fuite secrète, pendant que le reste est en réponse au sujet des idoles volées, dont il n’avait aucune connaissance :

« Jacob répliqua:
---Je suis parti en cachette parce que j'avais peur que tu ne m'enlèves de force tes filles.

Quant à celui chez qui tu trouveras tes dieux, il ne vivra pas. Fouille tout ce que j'ai, en présence de nos gens! Ce qui t'appartient, reprends-le!
En effet, Jacob ignorait que Rachel avait volé les idoles domestiques. » (Genèse 31:31-32)

La conduite de Jacob était le résultat de sa peur, tout comme la déception de son père Isaac (26:7,9) et son grand-père Abraham (12:11-13,20:11) l’avaient été. Jacob n’avait pas assez de foi que Dieu le délivrerait des mains de son beau-père. Dans sa peur, il questionnait la sincérité, la vérité des mots que Dieu avait prononcés à Béthel :

« Et voici: je suis moi-même avec toi, je te garderai partout où tu iras; et je te ferai revenir dans cette région; je ne t'abandonnerai pas mais j'accomplirai ce que je t'ai promis. » (Genèse 28:15)

Jacob n’était pas encore là où il pouvait croire que Dieu accomplirait ce qu’IL disait IL ferait sans avoir un plan B qui incluait la manipulation ou la déception de Jacob. Ayant eut le dessus de Laban pendant les six derniers jours, Jacob n’était pas certain que Laban le laisserait partir sans une bagarre. Peut-être ne laisserait-il pas ses filles partir non plus.

Ce n’était pas une discussion que Jacob tenait à prolonger, car il n’avait pas vraiment d’explications pour justifier ses actions récentes. Etant certain qu’il était innocent de l’accusation du vol des idoles de Laban, Jacob tourna la conversation sur ce sujet. Laban fut poussé à faire une fouille diligente des biens de Jacob pour essayer de trouver ses idoles. Qui que soit trouvé en possession de ces dernières serait mis à mort ! Jacob, manifestement, n’avait aucune idée que sa femme favorite, sa bien-aimée Rachel était la coupable. Que Laban était plus intéressé par ses idoles, pas par les adieux à sa famille, allait être très visible par ses actions suivantes :

« Laban fouilla la tente de Jacob, celle de Léa, puis celle des deux servantes, et ne trouva rien. En sortant de la tente de Léa, il entra dans celle de Rachel.

Or Rachel, qui avait pris les idoles, les avait cachées dans la selle du chameau et s'était assise dessus. Laban fouilla toute la tente sans rien trouver.

Elle dit à son père:
---Que mon seigneur ne se fâche pas si je ne peux pas me lever devant toi car j'ai ce qui arrive habituellement aux femmes.
Il fouilla encore, mais ne trouva pas les idoles. » (Genèse 31:33-35)

Il était évident que Laban ne soupçonnait pas Rachel non plus. Il fouilla la tente de Jacob en premier. Qui aurait été le plus vraisemblable d’avoir volé ses dieux que Jacob ? N’était-il pas celui qui était venu à Paddân-Aram à cause de son désir d’hériter la position de chef de famille et d’avoir les droits d’aînesse ? Le vol des idoles de la famille donnerait à Jacob la prééminence dans la maison de Laban, tout comme sa déception la lui avait gagnée dans la maison d’Isaac.

Ayant fouillé la tente de Jacob minutieusement, Laban continua par la tente de Léa et celles des deux servantes. Seulement en dernier arriva-t-il à la tente de Rachel. Elle était la moins suspecte de tous, et cependant, elle était la coupable. Elle dissimula avec succès son vol par une distraction astucieuse. Elle était assise sur la selle qui cachait les idoles de Laban. Quand il eut finit de fouiller toutes les autres parties de la tente, elle expliqua qu’elle devait rester assise à cause de son inconfort mensuel, commun aux femmes. Laban n’a pas voulu presser le sujet plus loin, et alors le vol de Rachel ne fut pas découvert. Je ne sais pas quand ou si Rachel avoua son vol à Jacob, mais je peux bien imaginer ce que sa réponse a dû être.

« Alors Jacob se mit en colère et fit de violents reproches à Laban:
---Quelle faute ai-je commise, s'écria-t-il, qu'ai-je fait de mal pour que tu t'acharnes ainsi contre moi?

Tu as fouillé toutes mes affaires. Qu'as-tu trouvé de ce qui t'appartient? Produis-le ici en présence de mes gens et des tiens, et qu'ils servent d'arbitres entre nous deux.

Voilà vingt années que je suis chez toi; tes brebis et tes chèvres n'ont pas avorté, et je n'ai jamais mangé les béliers de ton troupeau.

Si une bête se faisait déchirer par un fauve, je ne te la rapportais pas[c]: c'est moi qui t'en dédommageais. Tu me réclamais ce qu'on m'avait volé de jour et ce qui m'avait été volé la nuit.

Le jour, j'étais dévoré par la chaleur; la nuit, le froid m'empêchait de dormir.

Voilà vingt ans que je vis ainsi chez toi: pendant quatorze ans, je t'ai servi pour tes deux filles, puis pendant six ans pour ton bétail; dix fois, tu as changé les conditions de mon salaire.

Si le Dieu de mon père, le Dieu d'Abraham et celui que redoute Isaac, n'avait été de mon côté, tu m'aurais renvoyé aujourd'hui les mains vides. Mais Dieu a vu ma misère et avec quelle peine j'ai travaillé. La nuit dernière, il a prononcé son verdict. » (Genèse 31:36-42)

Jacob reconnut l’offense de Laban comme une simple façade. La vraie raison de se mettre aux trousses de Jacob était la pensée d’être trompé par lui. Laban conclut qu’il avait finalement été trop loin. Jusqu'à ce point, il avait toujours réussi à rester dans les limites de la Loi. Bien qu’il ait tordu les règles impitoyablement, il n’avait pas enfreint la Loi. Avec la disparition des idoles de la famille, Laban avait pensé que Jacob était finalement allé trop loin dans sa cupidité. Mais maintenant Laban se retrouvait les mains vides. Ses accusations ne pouvaient pas être justifiées. Les évidences manquaient. Jacob, à la mode ancienne, demandait une ordonnance de habeas corpus (le droit de contester une détention.) Laban fut forcé de produire les évidences. Il dut les montrer ou la fermer, et Jacob fut très heureux d’être celui qui dû lui dire laquelle des deux était sa seule alternative.

Non seulement n’y avait-il pas d’évidences découvertes pendant la fouille, mais Laban avait constamment eu tors dans beaucoup d’autres domaines. Sur ceux-là Jacob était impatient d’élaborer. Jamais les troupeaux de Laban n’avaient été négligés, jamais Jacob n’avait mangé aux frais de Laban. Jacob remplaça les animaux qui furent perdus de causes naturelles, bien qu’il n’était pas responsable. Laban insista sur ça, et Jacob le fit sans protester – jusqu'à présent. Jacob travailla dur, souffrant les aléas de la vie de berger, et tout ça pendant que Laban continuait souvent à diminuer sa paye.

Ayant soulagé son cœur d’années de frustration, Jacob utilisa son atout, finissant triomphalement sa défense en affirmant que Dieu était de son coté (verset 42.) Si Dieu n’avait pas protégé Jacob, Laban aurait pu se sortir sans douleurs de ses manigances. Toute sa prospérité, Jacob maintenait, venait du fait que Dieu veillait sur lui. Dieu avait vu son affliction, c’était vrai (verset 12), mais Jacob était allé trop loin quand il ajouta « … et avec quelle peine j'ai travaillé » (verset 42.) Nulle part a Dieu indiqué à Jacob que SA bénédiction était liée à ses travaux. En fait, Dieu avait révélé à Jacob que c’était au contraire tout l’opposé (versets 10-13.) L’avertissement donné à Jacob la nuit précédente était la preuve de Jacob que Dieu était de son coté. Dieu avait passé jugement, et Jacob maintenait qu’il avait été prouvé innocent.

Le Covenant de Paix (31:43-55)

Après la défense de Jacob, j’ai un sentiment malsain qu’il a énormément exagéré sa cause. Dieu avait bien vu tout ce que Laban lui avait fait subir. La prospérité de Jacob venait de Dieu, mais ça avait peu ou rien à voir avec la piété de Jacob ou son génie productif. Dieu l’avait bénit sur la base de la grâce, mais Jacob a utilisé l’intervention de Dieu comme base d’auto défense. Jacob maintenait qu’il avait prédominé et que Dieu était intervenu parce qu’il était spirituel, pendant que Laban était charnel. Je ne suis pas convaincu par les meilleurs efforts de Jacob. Laban ne paraît pas non plus être très impressionné. Bien qu’il n’ait pas été capable de prouver la malhonnêteté de Jacob, il en était quand même convaincu. Il engagea alors l’alliance qui est faite :

« ---Ces filles sont mes filles, répondit Laban, ces fils mes fils, ces troupeaux sont miens et tout ce que tu vois est à moi. Et que puis-je faire aujourd'hui pour mes filles et pour les enfants qu'elles ont mis au monde?

Maintenant donc, viens, concluons une alliance, toi et moi, et laissons ici un signe qui nous serve de témoin à tous deux.

Alors Jacob prit une pierre et l'érigea en stèle.

Puis il dit aux siens:
---Ramassez des pierres!
Ils ramassèrent des pierres, les entassèrent et, tous ensemble, ils mangèrent[d] là sur ce tas de pierre.

Laban le nomma Yegar-Sahadouta (Le tas de pierre du témoignage) et Jacob l'appela Galed (Le tas de pierre-témoin).

Laban déclara:
---Ce tas de pierre sert aujourd'hui de témoin entre toi et moi.
C'est pourquoi on le nomma Galed.

On l'appelle aussi Mitspa (Le lieu du guet), car Laban avait dit encore:
---Que l'Eternel fasse le guet entre nous deux quand nous nous serons perdus de vue l'un et l'autre.

Si tu maltraites mes filles et si tu prends d'autres femmes en plus d'elles, ce n'est pas un homme qui nous servira d'arbitre, mais prends-y garde: c'est Dieu qui sera témoin entre moi et toi.

Puis il ajouta: Vois ce tas de pierre et cette *stèle que j'ai dressés entre moi et toi.

Ce tas de pierre et cette stèle nous serviront de témoins. Je ne dois pas dépasser ce tas de pierre et cette stèle dans ta direction, et tu ne dois pas les dépasser dans ma direction avec de mauvaises intentions.

Le Dieu d'Abraham et le Dieu de Nahor[e] --- c'était le Dieu de leur père[f] --- seront juges entre nous!
Jacob prêta serment par le Dieu que redoutait son père Isaac.

Puis il offrit un sacrifice sur la montagne et invita sa parenté à un repas. Ils mangèrent donc ensemble et passèrent la nuit sur la montagne.» (Genèse 31:43-55)

Tout ce que Jacob emmena avec lui appartenait à Laban, il insista – ses femmes, ses enfants, et ses troupeaux (verset 43) – mais que pouvait-il faire ? S’il ne pouvait pas récupérer ses idoles, le moins que Laban puisse faire était de faire une alliance avec Jacob qui lui garantirait qu’il ne pourrait jamais utiliser ces dieux pour empiéter encore plus sur ses possessions à l’avenir. Remarquez que le traité fut initié par Laban et que ses termes sont épelés par lui. Puisque Laban n’avait pas succédé à garder Jacob sous sa coupe, il comptait maintenant sur le Dieu de Jacob pour le faire marcher droit.

Une pierre fut érigée en stèle (verset 45), et ils utilisèrent un tas de pierres pour bâtir un monument (verset 46.) Et un repas d’alliance fut partagé par Jacob et Laban et les membres de la famille (verset 54.) Laban réussit à ce que Jacob promesse quelques détails devant son Dieu. Premièrement, Jacob promit qu’il ne maltraiterait jamais les filles de Laban et de ne jamais prendre d’autres femmes en plus de ses deux filles (verset 50.) Deuxièmement, tous les deux promettaient de ne pas franchir cette limite pour attaquer l’autre (verset 52.) Ayant agrée sur ces sujets, Laban fit ses derniers adieux à ses filles et leurs enfants. Les bénissant, il retourna à sa maison (verset 55.) La longue et tumultueuse relation entre Laban et Jacob arriva à une fin.

Conclusion

Jacob semble être sorti vainqueur de cette rencontre avec Laban, vraiment ? Pendant que Jacob se soit lui-même convaincu et ses femmes de son innocence, il ne nous pas convaincu, ni n’a-t il changé l’opinion de Laban. Laban était toujours certain que Jacob était un escroc, mais ayant été averti par Dieu, il ne pouvait pas faire grand chose pour l’arrêter. L’alliance qu’il initia était son seul espoir. Et cette alliance n’était pas un hommage au caractère de Jacob.

OK, arrêtez et réfléchissez pour un moment. Laban a vécu très prêt de Jacob pendant vingt ans, et il était convaincu de son manque d’intégrité. Il croyait que Jacob avait volé ses idoles. Il croyait que Jacob s’était approprié ses troupeaux sournoisement. Il exigea que Jacob prête serment solennellement qu’il ne maltraiterait pas ses femmes ou qu’un jour il reviendrait chez Laban avec des intentions hostiles. Est-ce que cela à l’air d’un homme qui est convaincu que Jacob était un homme dévot ? Tout comme les covenants entre Abimélek et Abraham (21:22-24), et plus tard Abimélek et Isaac (26:26-31), étaient évidences de la condition charnelle de ces patriarches, ce traité avec Laban révéla les imperfections du caractère de Jacob. Il n’était pas un homme en qui on pouvait avoir confiance. Il pouvait au moins, respecter la Loi, alors Laban expliqua clairement les promesses qu’il sentait étaient nécessaires. Quel misérable témoignage du caractère de jacob !

Pourtant, Jacob semble convaincu de son intégrité. Il était certain que Dieu était de son coté à cause de sa vertu. Comment Jacob a pu tant se tromper ? J’en suis arrivé à croire que la réponse peut se trouver dans le fait que Jacob était un légaliste. Jacob était fier de lui-même pour être un homme qui respecte la Loi. Jamais, au moins à ma connaissance, a-t-il brisé une promesse. Il a fait une alliance avec Laban, et il y a été fidèle. Oh, il avait bien pelé ces rameaux, bien sur, mais ce n’était pas briser un agreement !

Jacob, je crois, n’avait aucun vrai sens d’éthiques. Pour lui, moralité et légalité étaient égales. Tout ce qui était dans les limites de la Loi était moral pour autant qu’il était concerné. C’est pourquoi il pouvait se trouver devant Laban avec une indignation vraiment justifiée et demander que toutes évidences de méfaits de sa part soient présentées. Il pouvait revendiquer avec grande assurance que Dieu était de son coté. Comment cela ne pouvait-il pas être vrai quand Jacob avait toujours vécu dans les limites de la Loi ?

Mais ici est le cœur de l’erreur du légalisme, car le légalisme égale la moralité avec la légalité. Il croit que la vertu et la sauvegarde de la Loi sont une seule et même chose. Une personne peut n’avoir aucune éthique du tout, mais tant qu’elle n’enfreint pas la Loi, elle se sent moralement pure. Elle sera persuadée de l’approbation et de la bénédiction de Dieu.

Avec cette mentalité, Jacob n’était pas très différent de Juifs du temps de Jésus. Ils avaient l’impression qu’étant des descendants d’Abraham, ils étaient assurés les faveurs de Dieu (Jean 8:39.) Ils étaient sûrs que le fait de respecter méticuleusement la Loi les rendait acceptable pour Dieu. Cela met le Sermon sur la Montagne sous un tout autre angle pour moi. Jésus dit ces mots aux Juifs qui étaient légalistes. Ils pensaient que simplement vivre dans les limites de la Loi était suffisant pour recevoir une vertu acceptable pour Dieu. Notre Seigneur continua en leurs montrant qu’une vertu bien plus grande était nécessaire (Matthieu 5:20.) Une vraie foi n’était pas autant un sujet de forme que de foi. Ceux qui étaient de vrais membres du royaume étaient ceux dont les cœurs étaient purs devant Dieu. Ainsi, notre Seigneur traita plus avec les motifs qu’avec les méthodes. IL traita plus avec les fonctions qu’avec de simples formes.

La Loi était seulement un standard minimum ; Il n’était pas destiné à ce que les gens se sentent vertueux, mais à démontrer aux hommes à quel point ils étaient loin de la sainteté de Dieu. Le Nouveau Testament ne nous dit pas que les standards mis en place par le Vieux Testament sont abolis (Matthieu 5:17), car ceux qui suivent l’Esprit rempliront l’obligation (singulière) de la Loi (Romains 8:4.) Le légalisme est mauvais car les hommes aiment abaisser tout à un standard humain qui, s’il est obéi, produit une vertu humaine. La liberté chrétienne voit le standard de nos pensées et nos actions comme étant celles de notre Seigneur LUI-MEME, car c’est à Son image que nous devenons conformes (Romains 8:29.)

Jacob a pu se trouver vertueux, mais Laban n’était pas convaincu du tout. Il avait ressort au légalisme (par ça, le covenant légal) car c’était tout ce qu’il pouvait compter Jacob ferait – respecter juste quelques règles. Beaucoup de Chrétiens aujourd’hui ne sont pas différents de Jacob. Eux aussi (nous ?) sont légalistes. Nous pensons que nous sommes pieux et saint car nous ne fumons pas, ne marchons pas de tabac ou ne jurons pas. Mais demandez à ceux qui doivent travailler avec nous ou ceux qui nous emploient, et ils feront exactement ce que Laban a fait – ils mettront tout par écrit. Vous voyez, même avec tous nos mots pieux le monde nous connaît, car eux aussi, doivent vivre avec nous. Pendant que nous gardons une certaine liste de « à faire »s et « à ne pas faire »s, on peut saper et manipuler ; On peut tromper et détruire ; On peut rechercher nos succès aux frais des autres. La vraie vertu, je crois, implique bien plus que respecter scrupuleusement quelques règles. C’est une question de cœur. Pas étonnant que tant de non croyants (et Chrétiens) soient réticents à faire des affaires avec des Chrétiens. Ils savent que, bien que Dieu puisse être avec nous, nous n’agissons pas toujours des plus vertueusement.

L’éthique est, comme nous l’avons dit, la différence entre la légalité et la moralité. Nous vivons dans un temps ou les Chrétiens et païens pensent que ce qui est légal est légitimement chrétien. Nous, comme Jacob, avons nos propres rameaux pelés et un sens des affaires lucratif, que nous pensons Dieu est obligé de bénir. Pas étonnant que le monde essaye de légaliser l’homosexualité et l’avortement et d’autres choses de ce genre. Pour eux, la légalité est la moralité. Si ce n’est pas illégal, c’est moral, ils supposent.

La Bible tire des lignes de guidage, des lignes claires quelques fois. Il y a des absolus et il y a des règles. Mais en plus de ceux- là, peut-être devrais-je dire au-dessus de tous ceux-là, est un autre standard de conduite que nous appellerons éthique ou conviction. Beaucoup de Chrétiens semblent en avoir peu, et pourtant ce sont elles qui séparent un vrai Chrétien aux yeux du monde. Combien d’entre nous sommes vus par le monde comme Jacob l’était par Laban ? Combien d’entre nous avons des convictions qui nous causent d’éviter certaines méthodes, même si elles sont légales ? Les éthiques chrétiennes devraient être si hautes que les règles légalistes ne seraient jamais nécessaires, au moins pour ceux qui sont vertueux (1 Timothée 1:9-10.)

L’essentiel pour Jacob était la foi. Il a essayé de s’en aller en cachette, sans le dire à Laban, parce qu’il avait peur (verset 31.) Il faisait confiance à Dieu mais pas assez pour faire ce qui était honorable aux yeux des hommes. Il ne pensait pas que Dieu pourrait le sauver, lui et sa famille s’il agissait honorablement devant Laban. Son Dieu, dans les mots de J. B. Phillips, était « trop petit. » N’est-ce pas le cas pour la plupart d’entre nous ? La raison pour laquelle nous sommes réticents à vivre par nos convictions fermes est que nous ne faisons pas confiance à Dieu d’être capable de nous bénir sous ces restrictions ajoutées. Avons-nous oublié comment Elie fit verser des cruches d’eau sur son sacrifice pour que ceux qui regardaient pourraient seulement donner la gloire à Dieu (1 Rois 18, spécialement versets 33-35) ? N’est-ce pas la raison pour laquelle nous essayons désespérément d’interpreter le Sermon sur la Montagne, pour que nous n’ayons pas à vivre par ses enseignements ? Une foi qui est ferme n’a pas peur de vivre pour que la gloire ne soit donnée qu’à Dieu seul.

Quelle leçon cela a dû être pour les anciens Israélites qui ont reçu la Loi de Dieu de l’auteur de Genèse ! Bien que Dieu ait donné la Loi à Israël, IL ne l’a pas fait pour donner un standard de vertu qui convaincrait les hommes de leur nature pécheresse, de leurs besoins de sacrifice, et de leurs besoins d’un Sauveur Qui paierait le châtiment pour leurs péchés et fournirait la vertu qu’ils ne pourraient fournir de leurs propres mains.

Les actions de Jacob étaient mauvaises pour une autre raison, je crois. Pendant que Jacob voulait bien garder sa déception dans les limites de la Loi, ses actions ont enseigné aux autres à essayer d’avancer dans la vie en manœuvrant au-delà de la Loi. Je crois que c’est ce qui est arrivé à Rachel. Elle a bien apprit de son mari. Elle vola les idoles de Laban (verset 19), mais dans le verset suivant on nous dit que « Jacob partit en cachette (il lui vola son cœur) … » (verset 20.) Le même mot hébreu est utilisé pour décrire les actions de Rachel et celles de Jacob. Croyez-vous que ce soit une coïncidence ? Jacob vola le cœur de Laban mais tout juste dans les limites de la Loi. Rachel vola les idoles de Laban, tout juste en dehors de la Loi. Elle n’a pas vu la ligne fine de limite de son mari. Notre déception, même si elle est dans les limites de la Loi, conduit les autres à aller plus loin.

Finalement, les actions de Jacob ici me rappellent que quelqu’un peut faire la volonté de Dieu mais dans un sens qui est offensive au caractère de Dieu. Dieu avait commandé à Jacob de quitter Paddân-Aram et de retourner à la terre promise (verset 3.) Dans ce sens, Jacob accomplissait la volonté de Dieu pour sa vie. Mais il ne le faisait pas de la façon dont Dieu voulait qu’il le fasse. Des fois, nous sommes tellement pris dans les faits que ce que nous faisons est correct que nous oublions de nous demander si nous le faisons correctement selon la volonté de Dieu. Nos méthodes doivent toujours être compatibles avec notre Maître si le but de nos actions est de L’honorer.


255 “. . . Rachel may well have had a partly religious motive (cf. 35:2,4), but the fact that possession of them could strengthen one’s claim to the inheritance (as the Nusi tablets disclose)+ gives the most likely clue to her action.” Derek Kidner, Genesis (Chicago: Inter-Varsity Press, 1967), p. 165. +Kidner here refers to Biblical Archaeologist, 1940, p. 5.

Stigers goes into more detail, saying, “According to the Nuzu tablets, a natural son is to take the gods, the teraphim: ‘If Nashwi has a son of his own, he shall divide the estate equally with Wullu, but the son of Nashwi shall take the gods of Nashwi.’*

“Another text, a new will of Hashwi, indicates that Wullu has died and Wullu’s oldest son is to receive the household gods.** In yet another text a reassignment of shares of the estate is made, but the oldest son alone is given possession of the household gods.***” Harold G. Stigers, A Commentary on Genesis (Grand Rapids: Zondervan, 1976), p. 242. (It should be added that Stigers does not agree with my conclusion that Rachel’s primary motivation for stealing Laban’s gods was to secure an inheritance for Jacob after Laban’s death. Cf. Stigers, p. 242.) *Ancient Near Eastern Texts, pp. 219-220, **Anne E. Draffkorn, “Ilani-Elohim,” Journal of Biblical Literature, LXXVI (1957), p. 220. Cf. O. J. Gadd, “Tablets from Kirkuk,” Review d’Assyriologie et d’Archaeologie Orientale, XXII (1926), Text #5; ***L. L. Lachemann, Excavations at Nuzu, “Miscellaneous Texts, Part 2: The Palace and Temple Archives” (HSS XIV: 1950), para. 2, p. 108.


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